The Witcher

Grâce à l’immense campagne de pub lancée pour la sortie du troisième opus, tout le monde maintenant connaît la série des The Witcher. Suite directe de la série de bouquins « Sorceleur » (ou « Wiedźmin » en Polonais), écrite par Andrzej Sapkowski à partir de 1986 (la nouvelle Le Sorceleur) et véritable monument dans son pays d’origine (la Pologne donc), le jeu nous plonge dans un univers sombre et mature de Dark Fantasy, peuplé d’une multitude de races et de monstres en tous genres. Dans ce contexte, une caste de guerriers a été créée pour se défendre de ces derniers, les sorceleurs, sortes de surhommes dont les pouvoirs viennent de diverses substances alchimiques ayant complètement modifié leur métabolisme, leur donnant par exemple des caractéristiques physiques accrues ou une vision nocturne. Cette caste a ensuite été divisée en plusieurs écoles dont : le Griffon, le Chat, le Loup et le Serpent. Notre héros, Geralt de Riv, fait partie de l’école du Loup, s’étant établie dans les montagnes enneigées de Kaer Morhen. Suite aux effets des plantes sur son organisme lors de sa formation, il faillit mourir et ses cheveux blanchirent. Depuis, il est surnommé « Loup Blanc » (ou « Gwynbleid » par les elfes) et fait partie des sorceleurs les plus réputés, de par son apparence, mais également ses compétences. Sachant que beaucoup de choses, notamment les relations entre les personnages, sont expliquées dans le 3, il me semblait tout de même important de poser les bases de la série à ceux qui ne la connaitrait pas encore.

Le premier opus de la série vidéoludique se situe donc cinq ans après la bataille de Brenna, événement majeur du dernier tome de la série sorti à ce moment (un huitième est sorti depuis). Geralt a perdu la mémoire et est retrouvé aux abords de Kaer Morhen à moitié mort par ses compagnons. À son réveil, il refait la connaissance de plusieurs personnages important des livres, comme Vesemir, maître de l’école du Loup ou encore Triss Merigold, sorcière ayant apparemment intimement connu Geralt avant son amnésie. Après des retrouvailles « mouvementées », le château est attaqué par des bandits qui, malgré nos efforts tuent une recrue de l’école et volent les recettes alchimiques secrètes des sorceleurs.

S’en suivra une longue enquête pour retrouver ces secrets, qui nous amènera à Wyzima et ses abords tout au long des 4 actes que comporte ce premier volet. Produit en collaboration avec l’auteur de la saga d’origine, le jeu impressionne par son respect de l’œuvre d’origine, que ce soit en termes d’ambiance ou de qualité d’écriture. Il se permet même de respecter l’approche du côté « érotique » de la série, en nous proposant une simple carte de la partenaire de Geralt lors des scènes de sexe plutôt que d’en montrer des extraits explicites, comme c’est le cas pour les 2 et 3. En effet, ce type de scène sera toujours ellipsé dans les romans, ce qui les rend très intelligents dans leur manière de traiter les relations entre les personnages. Quelques mots suffisent à faire comprendre ce qu’il se passe sans le détailler, et c’est exactement la même chose pour le jeu, mais présenté de manière graphique plutôt qu’écrite. Le récit est lui aussi fidèle au support d’origine, allant même jusqu’à faire de la première mission du premier livre l’un des principaux points d’intrigue de l’histoire (la malédiction de la fille de Foltest, roi de Temeria) en lui offrant une suite dont certains éléments dépendront de nos choix. En effet, en bon RPG occidental (ou C-RPG), le choix nous sera souvent donné pour changer de direction dans l’histoire et la faire avancer différemment, à savoir que certains choix moraux auront une importance décisive dans le déroulement du récit. Par exemple, une décision sera à prendre (via des dialogues et orientations dans les quêtes) quant à notre appartenance à l’un des deux camps radicalement opposés, l’Ordre de la Rose Ardente, sorte d’ordre des Templiers, très religieux mais surtout xénophobes, ou la Scoiat’el (ou Ecureil en elfique), un groupe de rebelles « non-humains » défendant les intérêts de ces derniers, au point de recourir à la force. Hormis la trame principale et les diverses quêtes annexes, c’est via les nombreux livres disséminés dans tout le jeu que l’on en saura plus sur l’univers et sa mythologie, à la manière d’un Elder Scrolls.

Côté gameplay, on se retrouve face à un CRPG mélangé à quelques éléments de hack’n slash, eux-mêmes enrichis d’un système de combat totalement inédit à base de combos et d’exécution, le tout en vue à la troisième personne. À savoir qu’il existe une vue en 3D isométrique beaucoup plus orientée hack’n slash, le gameplay allant avec, mais ne me sentant pas concerné par ce mode de jeu, je ne l’ai pas testé (le mode est interchangeable dans les paramètres). Pour en revenir au système de combat, trois styles nous sont proposés, rapide, puissant, et groupe, en fonction de la situation. Ces styles modifieront la posture de Geralt, modifiant au passage les animations de coups et leur vitesse, ainsi que les combos. Chaque posture profitera d’un bonus de dégats et de touche s’il est bien utilisé. Le style puissant est à utiliser pour combattre de grands ennemis, le rapide pour les petits, et le groupe lorsqu’on est entouré d’adversaire (quelle que soit leur taille), et il est fortement recommandé d’adapter notre posture à ces situations pour en maximiser les effets. A savoir qu’en cas de doute, les gros ennemis auront un plus grand cercle à leurs pieds que les petits, et que ce cercle représente également leur « barre » de vie (à surveiller donc). Jeu de rôle oblige, un système de levelling est également de la partie, nous permettant de nous orienter vers le style de jeu qui nous correspond le mieux parmi trois arbres de compétences principaux : physique, alchimie, magie.

Outre l’approche particulière de l’œuvre vis-à-vis de l’alchimie (ré-duction des effets négatifs des élixirs de sorceleurs, ou création de potions spéciales ou de bombes avec les ingrédients trouvés par exemple), les amateurs de RPG seront en terrain connu, bien que la distribu-tion de ces points de compétences ne soit disponible que lors d’une méditation, équivalent des nuits aux auberges ou feux de camps des autres jeux, accessible justement via des feux de camps (généralement à allumer soi-même avec un silex), ou via des choix de dialogues avec certains PNJ. Enfin, que serait un ex-cellent jeu vidéo sans une excellente bande son ? Les compositeurs Paweł Błaszczak et Adam Skorupa, à l’origine de la bande originale du jeu, nous livrent ici des musiques collant parfaitement à l’univers, tantôt dynamiques voir agressives, tantôt calmes et enivrantes, le tout respectant le caractère fantasy de l’œuvre, donnant une cohérence irréprochable au tout.

Pour conclure, comme vous avez probablement dû le remarquer au fil du test, je suis un grand amateur de la saga du Sorceleur et de ses extensions vidéoludiques, et en parler objectivement m’a été très difficile. Mais sans tenir compte de mes appréciations personnelles, The Witcher 1 est une œuvre culte, à posséder absolument dans sa ludothèque PC. Le jeu n’ayant jamais pointé le bout de son nez sur console (malgré un projet longtemps travaillé mais abandonné le 9 mai 2009, sous-titré « Rise of the White Wolf »), il reste malgré tout accessible à la grosse majorité des machines actuelles du fait de son certain âge (depuis 2007, beaucoup de choses ont changé dans l’informatique et le jeu vidéo), et de sa portabilité sur les principaux systèmes d’exploitation (Windows, Mac OS X et Linux). De plus, il est souvent vendu en soldes, sur GoG ou Steam par exemple, pour moins d’un euro, qui au vu de la qualité du soft est quasiment donné.

En bref, laissez-vous tenter de toute urgence, ça vaut clairement le coup !

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